Seamen’s Club - Escale Estuaire de la Gironde

Les trois derniers matelots du navire, coincés depuis un an à Bayonne, ont arrosé leur départ dignement.

Derrière le petit comptoir du Foyer marin d’Escale Adour, Jacques Behoteguy arrose l’événement. Il trinque à la santé des marins russes du Guimarães, sur le départ après une très longue période d’immobilisation. Ce permanent des lieux oscille entre joie et vague à l’âme. Et salue le courage des trois derniers matelots, prêts à mettre les voiles. Ce jour-là, Jacques sourit. Et profite de l’instant sans la moindre amnésie : « Ce soir (mardi, Ndlr), c’est un beau moment. On fête leur départ. On écoute l’accordéon. On chante. Mais il ne faut pas oublier la souffrance de nos amis. Ce qui leur est arrivé est révoltant. »

Rappelons que nos marins étaient arrivés le 16 juillet 2012 à bord du Guimarães, ce bateau maudit. Ils avaient amarré ce vraquier sans savoir que son armateur, le Portugais Naveiro, croulait sous les dettes au point de ne plus pouvoir assurer la navigation de sa flotte… Ni payer ses marins. Au terme d’une longue croisière administrative, la Délégation à la mer et au littoral (DML, anciennes Affaires maritimes) a certes procédé à un « constat d’abandon » du navire, en mai dernier. Or cet acte, qui signa la libération des trois hommes, n’effacera pas onze mois de déracinement et de précarité.